L’Europe sonnée après le « non » des Néerlandais à l’Ukraine
Le rejet par les Néerlandais du traité d’association avec l’Ukraine crée une nouvelle crise politique au sein de l’Union européenne.
Les eurosceptiques ont gagné leur pari. A l’origine du référendum organisé mercredi aux Pays-Bas sur l’accord entre l’Union européenne et l’Ukraine, ils sont parvenus à mobiliser 32 % de la population (un seuil de 30 % était requis) pour rejeter à hauteur de 64 % des suffrages le traité qui organise la coopération politique, économique et commerciale entre l’Europe et l’Ukraine.
Mais l’effet de souffle de ce nouveau non à un référendum sur l’Europe ne s’arrête pas là. Les organisateurs du scrutin n’en ont pas fait mystère, c’est moins l’accord avec l’Ukraine qu’ils avaient en ligne de mire que l’Union européenne, ses dirigeants déconnectés du peuple, et sa politique d’élargissement. « Cela s’appelle un vote de défiance du peuple contre les élites de Bruxelles et de la Haye », a lancé le populiste Geert Wilders, leader du PVV. Marine Le Pen a salué, elle, « un pas de plus vers l’Europe des nations ».
Pour l’instant, les partenaires européens des Pays-Bas ne veulent pas donner trop d’importance à ce vote. La France et l’Allemagne « continueront à soutenir l’Ukraine et à appliquer dans nos pays respectifs » l’accord d’association, a déclaré jeudi François Hollande de Metz, où se déroulait le Conseil des ministres franco-allemand. Même prudence à Bruxelles où le porte-parole du président de la Commission a expliqué que Jean-Claude Juncker était « triste » du résultat du référendum, renvoyant la balle dans le camp du gouvernement néerlandais. Un cran plus inquiet, le Premier ministre britannique David Cameron a dit espérer que ce « non » néerlandais « n’affectera pas » le référendum au Royaume-Uni sur l’appartenance du pays à l’Union européenne prévu le 23 juin.