L’Europe sonnée après le « non » des Néerlandais à l’Ukraine

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Le rejet par les Néerlandais du traité d’association avec l’Ukraine crée une nouvelle crise politique au sein de l’Union européenne.

Les eurosceptiques ont gagné leur pari. A l’origine du référendum organisé mercredi aux Pays-Bas sur l’accord entre l’Union européenne et l’Ukraine, ils sont parvenus à mobiliser 32 % de la population (un seuil de 30 % était requis) pour rejeter à hauteur de 64 % des suffrages le traité qui organise la coopération politique, économique et commerciale entre l’Europe et l’Ukraine.

 
Les conséquences d’un tel résultat sont à plusieurs détentes. Le « non » oblige d’abord le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, à rouvrir la négociation avec ses partenaires européens. Les deux assemblées du Parlement avaient ratifié très légalement ce texte le 28 juillet dernier mais le gouvernement avait préféré attendre l’organisation de ce référendum purement consultatif pour entériner ce vote. Ratifié par 27 Etats membres sur 28 et par le Parlement européen, l’accord avec l’Ukraine était d’ailleurs entré en vigueur « provisoirement » le 1er janvier dernier
 
Effet de souffle
 
«  Si le résultat est “non”,nous devrons considérer cet avis avec précaution. Il signifie un fait politique, à savoir que la ratification ne peut pas simplement suivre son cours », avait dit Mark Rutte mercredi. « Il va voir comment conserver l’essentiel de l’accord avec l’Ukraine tout en essayant de satisfaire les votants », suggère un diplomate.

Mais l’effet de souffle de ce nouveau non à un référendum sur l’Europe ne s’arrête pas là. Les organisateurs du scrutin n’en ont pas fait mystère, c’est moins l’accord avec l’Ukraine qu’ils avaient en ligne de mire que l’Union européenne, ses dirigeants déconnectés du peuple, et sa politique d’élargissement. « Cela s’appelle un vote de défiance du peuple contre les élites de Bruxelles et de la Haye », a lancé le populiste Geert Wilders, leader du PVV. Marine Le Pen a salué, elle, « un pas de plus vers l’Europe des nations ».

Pour l’instant, les partenaires européens des Pays-Bas ne veulent pas donner trop d’importance à ce vote. La France et l’Allemagne « continueront à soutenir l’Ukraine et à appliquer dans nos pays respectifs » l’accord d’association, a déclaré jeudi François Hollande de Metz, où se déroulait le Conseil des ministres franco-allemand. Même prudence à Bruxelles où le porte-parole du président de la Commission a expliqué que Jean-Claude Juncker était « triste » du résultat du référendum, renvoyant la balle dans le camp du gouvernement néerlandais. Un cran plus inquiet, le Premier ministre britannique David Cameron a dit espérer que ce « non » néerlandais « n’affectera pas » le référendum au Royaume-Uni sur l’appartenance du pays à l’Union européenne prévu le 23 juin.

Catherine Chatignoux
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