Terrorisme : les Européens resserrent à petits pas leur coopération

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Depuis les attentats de Charlie Hebdo, les pays européens ont décidé de mieux coopérer pour lutter contre le fléau du terrorisme. Mais sur le terrain, les choses évoluent lentement.

 

Depuis la recrudescence des attentats islamistes, en France et en Belgique, l'Union européenne a tenté d'étoffer son arsenal anti-terrorisme. Pas facile toutefois, car la police, la justice, le renseignement sont des pouvoirs régaliens que les Etats n'aiment guère partager.

Rétablissement des contrôles aux frontières Schengen, y compris pour les Européens

Les récents attentats ont montré que certains terroristes ne viennent pas de pays tiers mais sont des citoyens de l'Union européenne. Quelque 5.000 d'entre eux se sont ainsi rendus, selon la Commission européenne, dans des zones de conflit et ont rejoint des groupes terroristes avant de revenir en Europe, pour commettre, parfois, des attentats.

Le 24 mars 2016, les Européens ont donc décidé, à la demande de la France, que tout voyageur rentrant dans l'espace Schengen soit systématiquement contrôlé, y compris les ressortissants européens, ce qui n'était pas le cas jusqu'ici. Un délai de six mois a été accordé aux aéroports afin qu'ils s'organisent. Les fichiers de police seront également interrogés.

Mise en place d'un registre européen des passagers aérien

Le 15 avril dernier, après des années de débats infructueux, le registre européen des données des passagers aériens, dit PNR (Passenger Name Record), a été adopté par les eurodéputés . Ce nouvel outil anti-terroriste doit permettre de repérer des terroristes potentiels, à partir d'informations que les compagnies aériennes auront désormais l'obligation de transmettre aux Etats membres, lesquels pourront ensuite se les partager sans qu'il y ait une obligation.

Amélioration du fonctionnement des « hotspots »

La vague de réfugiés dans la seconde moitié de 2015 a mis en lumière le risque que certains terroristes revenant de Syrie ne se mêlent à la masse des réfugiés pour rentrer dans l'Union européenne. Pour resserrer les mailles du filet, distendues par l'ampleur des entrées de réfugiés - 1 million l'an dernier -, les Européens ont pris deux séries de mesures.

L'une consiste à améliorer le fonctionnement des « hotspots », ces centres qui ont été installés aux points d'entrée des migrants, en Grèce et en Italie, et trient les arrivants. A la simple prise d'empreinte, s'est substitué peu à peu un contrôle plus approfondi. L'un des grands défis est de généraliser les croisements entre les fichiers d'empreintes Eurodac dédiés aux migrants et les fichiers de police, comme le Système d'information Schengen.

Elargissement de la mission de Frontex

Les gouvernements et les députés européens se sont mis d'accord pour donner plus de moyens et de responsabilités à l'agence Frontex pour surveiller les frontières extérieures de l'Union. Réformée en une Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes qui disposera en permanence d'une réserve de 1.500 garde-frontières ou garde-côtes mobilisables en cas de pression migratoire sur un pays européen, ses agents participeront au retour des migrants illégaux ou déboutés du droit d'asile

Autre nouveauté, les Européens pourraient rétablir des contrôles aux frontières d'un pays qui refuseraient l'aide de l'Agence.

Création du Centre européen de lutte contre le terrorisme

Prenant conscience qu'ils ne combattront utilement le terrorisme qu'en coopérant davantage, les ministres de l'Intérieur ont lancé, le 20 novembre 2015 au sein d'Europol, le Centre européen de lutte contre le terrorisme, une plate-forme qui permet l'échange d'informations et la coordination opérationnelle. Elle se concentre sur les combattants terroristes, le trafic illégal d'armes à feu et le financement du terrorisme. « Pour que ça marche, confie alors un source européenne, il faudra changer les mentalités. Aujourd'hui près de la moitié des renseignements collectés par Europol viennent de 5 à 6 pays seulement. »

Parallèlement les ministres de l'Intérieur s'engagent à faire mieux coopérer sur le plan bilatéral leurs services de renseignement. Les récents attentats ont montré des failles béantes : l'un des trois kamikazes s'étant fait exploser aux abords du Stade de France, Bilal Hadfi, était un Français résidant en Belgique. Il était fiché outre-Quiévrain, mais les services français n'avaient pas été prévenus.

Un contrôle accru sur les armes à feu

En janvier 2015, lors de la première vague d'attentats qui avait endeuillé Paris, Amedy Coulibaly était en possession d'armes issues du trafic en Europe de l'Est. C'est ce symbole tragique que les Européens ont voulu combattre, en durcissant l'arsenal législatif contre les armes à feu. Les Etats membres ont franchi une première étape, le 13 juin, lors d'une réunion des ministres de l'Intérieur, en approuvant un texte qui renforce le contrôle.

 

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