L’Autriche ne veut plus entendre parler d’une adhésion de la Turquie à l’UE
Dans une interview, le chancelier autrichien plaide pour arrêter les négociations d’adhésion à l’UE avec Ankara.
Il met en avant les failles démocratiques du pays, mais aussi les disparités économiques par rapport à l’Europe.
“Pas d’adhésion de la Turquie”, titre Die Presse en une ce 4 août. Ce “non” catégorique à la poursuite des négociations pour l’entrée d’Ankara dans l’Union européenne (UE), c’est le chancelier autrichien Christian Kern qui l’a prononcé dans une interview au quotidien autrichien. Pour cet homme politique sociAl-démocrate, une adhésion turque, dans la situation actuelle, relève “de la fiction”.
“Non. Pas maintenant, ni dans les décennies à venir.” Mais ce n’est pas seulement le président Recep Tayyip Erdogan “et tous les développements problématiques au niveau démocratique” qui font obstacle. L’Autrichien met plutôt l’accent sur “les disparités économiques” : en accordant les quatre libertés de base de l’UE aux Turcs (la libre circulation des produits, des services, du capital et des personnes), “on ira vers des distorsions économiques majeures qui ne sont plus défendables en Europe”.
Un peu plus tard le 3 août, interrogé par la télévision publique ORF, Kern a répété son refus, qu’il souhaite “mettre sur la table le 16 septembre lors du Conseil [des chefs d’Etat et de gouvernement] européen”.
De son côté, Die Presse rappelle dans son éditorial l’importance de préserver la coopération avec la Turquie dans la crise des réfugiés :
Il faut reconnaître que le pays a déjà accueilli le chiffre énorme de 2,5 millions de réfugiés syriens. [L’Europe] ne pourra pas éviter une coopération avec Ankara sur cette question.”
Les questions de l’afflux des migrants et de l’intégration progressive de la Turquie dans l’Union européenne sont étroitement liées et souvent à l’origine de débats houleux. Dernier exemple en date : la menace d’Ankara, dimanche 31 juillet, de rompre le pacte migratoire conclu avec l’UE si Bruxelles n’instaure pas l’exemption des visas en Europe pour les citoyens turcs d’ici octobre 2016.