Le populisme en Europe

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Un nouveau parti d’extrême-droite a surgi en Europe à la faveur d’élections régionales en Allemagne

 

Trois ans après sa création Alternative pour l’Allemagne (AfD) a adopté le discours du populisme. Comme le rappelle Thomas Wieder dans Le Monde, la formation désignée à ses débuts comme le « parti des professeurs », fondé « par quelques économistes, juristes et hauts fonctionnaires favorables à la sortie de l’euro » et qui « a d’abord puisé dans les milieux conservateurs de l’ex-Allemagne de l’Ouest » a senti le vent tourner et su tirer profit du débat sur l’afflux des réfugiés. « Certes, le Mecklembourg-Poméranie Occidentale ne fait pas partie des Länder qui pèsent le plus dans la vie politique nationale outre-Rhin – souligne le correspondant du quotidien à Berlin – ce territoire de l'ex-Allemagne de l'Est, situé en bordure de la mer Baltique et voisin de la Pologne, ne concentre que 2% des électeurs du pays ». Mais, outre que c'est là qu'Angela Merkel a sa circonscription, ce vote confirme « le rôle désormais incontournable joué par ce parti sur la scène politique allemande, un rôle auquel ses résultats du printemps l'avaient déjà préparé (24,3 % en Saxe-Anhalt, 15,1 % dans le Bade-Wurtemberg et 12,6 % en Rhénanie-Palatinat), et que devraient bientôt confirmer les élections organisées le 18 septembre à Berlin » où il pourrait dépasser les 10%. Les catégories d’électeurs auprès desquels l’AfD a le plus progressé entre 2015 et 2016 sont les chômeurs (15 % se disent proches du parti, 4 % en 2015), les ouvriers (11 %, + 6 points), les moins de 30 ans (10 %, + 5 points) et des habitants de l’ex-Allemagne de l’Est (11 %, + 5 points). « Plus jeunes et moins bourgeois, les sympathisants de l’AfD sont aussi de plus en plus divers politiquement. Parmi eux, beaucoup votaient déjà à l’extrême droite. S’ils sont tentés par l’AfD, cela tient beaucoup à la place désormais centrale que le parti accorde aux questions identitaires et sécuritaires, au détriment des sujets économiques – observe Thomas Wieder, qui relève également que ce parti a largement profité de la lassitude des électeurs d’extrême-droite à l’égard de « petites formations condamnées par leur histoire à une certaine marginalité », comme le néo-nazi NPD. En passe de devenir « la troisième force politique au Bundestag, derrière la CDU/CSU (34 %) et le SPD (23 %), mais devant les Verts (11 %) et Die Linke (9 %) » Alternative pour l’Allemagne a célébré sa victoire, Leif-Erik Holm, sa tête de liste dans la région – « ancien animateur radio à l'allure débonnaire » – s’exhibant aux côtés d’un voilier arborant le slogan : " Les vents contraires nous sont favorables. ". On ne saurait mieux dire…

Dans les pages Champs libres du Figaro, un spécialiste de l’extrême-droite européenne livre son analyse

Jean-Yves Camus revient sur le risque pris par Angela Merkel, « qui continuait ces derniers temps à marteler son fameux " Wir schaffen das "(" nous y arriverons "), formule qu'elle utilisa pour la première fois en 2015 pour qualifier sa politique d'accueil des réfugiés », et qui « va sans doute devoir affronter des critiques de plus en plus ouvertes venant du cœur même de sa majorité parlementaire ». En réponse à la question de Marie-Laetitia Bonavita sur la montée des nationalismes en Europe et sur leurs particularités ou leurs différences, le directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès répond : « Chaque pays a son histoire par rapport à la citoyenneté. Un ancien pays communiste, comme la Pologne, a encore en tête les difficultés qu’elle a eues à émerger comme nation. La Hongrie n’est pas encore remise du Traité de Trianon qui a amputé les deux tiers de son territoire… Plus fondamentalement, la mondialisation et la question du multiculturalisme expliquent la montée des nationalismes. Sur le premier point, cela ne veut pas dire que les populations sont partisanes de la démondialisation car personne ne sait comment la mettre en pratique. »

La question des migrants, dont l’impact est évident en Allemagne, provoque des remous à Calais, autour de la jungle

Les pages débats de La Croix se font l’écho de la controverse engendrée par la volonté de l’opposition de remettre en cause les accords bilatéraux établissant la douane britannique sur notre territoire. Olivier Cahn, spécialiste des accords franco-britanniques estime que c’est « de la pure démagogie » car ses partisans « étaient pour beaucoup aux affaires lorsque les divers accords bilatéraux instaurant la frontière à Calais ont été conclus ces trente dernières années, à commencer par l’accord du Touquet, signé par Nicolas Sarkozy en 2003 ». Un chiffre laisse rêveur : les 100 millions d’euros que les Britanniques lâchent pour sécuriser le port et le tunnel, et le coût est bien supérieur pour la France, vu les renforts policiers et les compensations promises à la région en raison des pertes économiques qu’elle subit. On rêve de les voir mieux employés, à l’accueil et l’hébergement décent des migrants, par exemple.

Jacques Munier

 

Un article Franceinter.fr

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