Point de vue - Il faut sauver le soldat Europe

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Brexit, fracture entre Europe du Nord et Europe du Sud encore soulignée par les réunions de la semaine dernière à Athènes et Bratislava, montée du populisme partout sur fond d’Europe-bouc émissaire, l’Europe est plus que jamais en panne.

Certains n’hésitent même plus à envisager une déconstruction pierre par pierre de ce qui aura été la plus grand innovation institutionnelle de l’après Seconde Guerre mondiale.

Faut-il pourtant rappeler ce que signifie l’Union Européenne ? La réconciliation franco-allemande, la paix sur le continent, la prospérité économique jusqu’à la crise financière de 2008, l’Euro qui facilite la vie de millions de citoyens et des entreprises… C’est un capital extraordinaire dont, pour les générations futures, nous avons un devoir de prendre le plus grand soin.

« L’Europe ne pèsera dans les négociations internationales que si elle harmonise ses positions sur les grands débats diplomatiques, économiques et financiers. »

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire évoluer cette construction au vu de l’expérience et des enjeux nouveaux auxquels l’Europe doit faire face et notamment la transition énergétique, l’explosion des migrations, la prégnance du terrorisme islamiste. C’est à cette adaptation que devraient s’atteler les prochains responsables français et allemands pour relancer le projet européen, lui donner une nouvelle frontière et proposer aux jeunes générations un horizon aussi porteur que celui qui était associé au projet européen dans les années 1960.

On voit très clairement les domaines pour lesquels une approche européenne sera toujours plus opérante qu’une approche nationale : le développement durable, la gestion du fait migratoire, la sécurité aux frontières, le lancement des grandes infrastructures de transport, la valorisation du potentiel agricole, les grands chantiers de recherche et la coopération inter-universitaire, la gestion de la transformation numérique, les nouveaux paris industriels autour de l’intelligence artificielle et de la robotique.

L’Europe ne pèsera dans les négociations internationales que si elle harmonise ses positions sur les grands débats diplomatiques, économiques et financiers. L’Euro ne sera définitivement consolidé qu’au prix d’une avancée décisive dans l’intégration économique et financière entre les pays de la zone Euro.

« Il est temps d’en finir avec une Commission à 28 membres dont l’inefficacité a été très largement démontrée. »

Pour avancer dans ces directions, il y a au moins une condition préalable : la remise sur le métier de la gouvernance européenne. Il est temps d’en finir avec une Commission à 28 membres dont l’inefficacité a été très largement démontrée. La nouvelle Commission devrait comporter moins de 10 membres, sélectionnés pour leur compétence, avec un mandat clairement défini par le Conseil et des services dont les effectifs seraient ajustés en conséquence.

Le Parlement européen devrait enfin pouvoir jouer son rôle de contrôle et de lien avec les attentes de la population : un bon signal serait donné dans ce sens en divisant par deux le nombre de députés européens afin de lui permettre de travailler plus efficacement et en l’installant complètement à Bruxelles afin de le rapprocher du centre du dispositif européen. Enfin une gouvernance spécifique de la zone Euro serait instituée.

La question est de ne pas laisser le rêve européen continuer à s’évanouir alors même que c’est dans une Union Européenne rénovée et relancée que réside certainement une partie de notre avenir.

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