Peut-on encore sauver l’Europe ?

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Alors que s’ouvre, vendredi 16 septembre, à Bratislava (Slovaquie), le sommet des Vingt-Sept destiné à relancer le projet après le Brexit, l’Union européenne cherche un nouvel élan et à sortir d’une crise autant morale que politique.

 

L’ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, relève « la nécessité d’engager un débat existentiel sur la façon dont nous pouvons revenir aux valeurs qui ont fondé l’Europe et même les renforcer face à la montée du nationalisme, du populisme et du sentiment antieuropéen ». Il stigmatise la focalisation actuelle sur « les gains économiques à court terme » au détriment de la lutte contre le changement climatique, de la santé et la protection des consommateurs, de l’élimination de la pauvreté et de la promotion des droits de l’homme, pour lui opposer « les trois dimensions du développement durable, économique, social et environnemental ». Le renouveau viendra, selon Jacques Delors, de la jeunesse « qu’il faut convaincre de s’engager dans ce combat pour un monde meilleur ».

« Le citoyen européen n’existe pas »

Loïc Armand, président de la Commission Europe du Medef, s’oppose à cette vision d’une « union sans cesse plus étroite des peuples d’Europe ». Pour lui, « le citoyen européen n’existe pas encore ». Selon M. Armand, il faut « concentrer l’action européenne sur les domaines où la valeur ajoutée de l’action collective en faveur de la compétitivité est la plus nécessaire devrait être son nouveau mandat : ceux qui nous renforcent dans la compétition mondiale, dans la transition énergétique et dans la révolution digitale, mais dans le cadre d’une gouvernance plus intelligible ».

« En ce qui concerne la zone euro, le Parlement ne devrait-il pas être investi d’une responsabilité budgétaire permettant de lever l’impôt afin d’assurer la péréquation nécessaire à la crédibilité de l’édifice ? », s’interroge-t-il, tout en réclamant de la transparence et « un meilleur contrôle démocratique national ».

Enfin, « si l’union des peuples d’Europe est plus nécessaire que jamais », « la question n’est pas tant d’être ou de ne pas être ensemble mais avec qui, dans quelles limites géographiques et pour quoi faire dans le respect de chacun ? », conclut-il.

A lire sur le sujet :

– « Aux jeunes générations de faire revivre les valeurs de l’Europe », par Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, président fondateur de l’Institut Jacques-Delors. La focalisation sur la croissance économique occulte les réalisations de l’UE en matière de normes environnementales, de santé et de promotion des droits de l’homme. A la jeunesse de régénérer l’idéal.

– « Il est urgent de rendre l’Union européenne plus transparente », par Loïc Armand, président de la Commission Europe du Medef. Après le choc du Brexit, il faut profiter du retrait des Britanniques pour refonder l’Europe sur des bases susceptibles de convaincre les nations de se la réapproprier.

A lire aussi :

– Entretien avec Martin Schulz : « Les dirigeants ne sont pas assez engagés en faveur d’une Europe unie et forte », propos recueillis par Cécile Ducourtieux (Strasbourg, envoyée spéciale). Le président du Parlement européen appelle les gouvernements à prendre position pour relancer l’Union européenne, sans attendre les élections en France et en Allemagne en 2017.

– L’Europe saisie par la peur de l’implosion, par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen). Les vingt-sept Etats de l’UE se retrouvent vendredi à Bratislava pour un premier sommet sans les Britanniques.

– L’Union européenne cherche à endiguer l’onde de choc du Brexit, par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen). La semaine sera marquée par deux temps forts : le discours de l’Union que doit tenir Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, mercredi, et, surtout, le sommet de Bratislava, sans les Britanniques, vendredi.

– Athènes ou Bratislava, deux rendez-vous qui divisent l’Europe, par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance). La rencontre des pays méditerranéens de l’Union a irrité des participants à la réunion des ministres des finances de la zone euro.

– Les pays du sud de l’Europe appellent à sortir du « dogme de l’austérité », par Adéa Guillot (Athènes, correspondance). Le sommet des pays méditerranéens de l’UE s’est conclu, vendredi à Athènes, par l’adoption d’une déclaration. Les sept signataires demandent notamment un doublement du plan Junker de soutien à l’investissement.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/09/14/peut-on-encore-sauver-l-europe_4997535_3232.html#RdWizXViUgKfZdT2.99

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