Europe: avis de tempête

Les crises en Europe se succèdent les unes derrières les autres et les dirigeants européens et nationaux ne savent plus à quel saint se vouer, sans mauvais jeu de mot.

Le "non" néerlandais à l'accord ente l'Union européenne et l'Ukraine- qui pourtant et contrairement à la Turquie a vocation à intégrer l'Union européenne- est à cet égard symbolique du malaise qui envahit une part de plus en pus importante des citoyens de l'Union européenne.

Le "non" néerlandais: un nouveau cataclysme

Même si les juristes font valoir que ce référendum sur l'accord UE-Ukraine est consultatif et qu'au final le quorum n'a été atteint que de justesse pour valider la consultation populaire, voici donc, avec ce non massif de plus de 60%, une nouvelle crise que doit gérer l'Europe.

Certes, sur le plan juridique, la réponse apparaît facile: une telle consultation populaire ne revêtant qu'un aspect consultatif, le gouvernement néerlandais pourrait passer outre et ratifier dans la foulée cet accord.

Ce serait répondre avec un mépris profond à un peuple qui vient de dire non à la méthode de gouvernance tant de ses dirigeants que de l'Union européenne qui tend aujourd'hui à se construire envers et contre l'aspiration de la population européenne, même si toutes les réalisations de l'Europe, bien heureusement, ne sont pas rejetées loin s'en faut.

Passer outre le résultat de cette consultation serait également un très mauvais signal à environ deux mois du référendum britannique sur le Brexit.

David Cameron considérablement affaibli

Le Premier ministre britannique est quant à lui englué comme jamais dans l'affaire des sociétés dite "offshore" installées dans les paradis fiscaux par son père pendant trente ans pour ne pas payer d'impôts en Grande-Bretagne.

"Dad" n'est plus là pour lui expliquer le pourquoi du comment a affirmé sérieusement aux médias David Cameron qui clame haut et fort son appartenance à l'élite de la société britannique. De qui se moque-t-on ? M.Cameron dit avoir vendu les participations qu'il détenait au sein de la structure de son père en 2010 avant de devenir Premier ministre. Quand ça sent le soufre, on tente d'éviter l'incendie. Il aura fallu le scandale des "Panama papers" pour révéler cette escroquerie grandeur nature. Celui qui disait encore récemment qu'il s'agissait d'une "affaire privée" vient de reconnaître qu'il avait géré maladroitement cet imbroglio. Bref, il a menti, mais il n'en tire aucune conséquence.

Ce mea culpa suffira-til à lui éviter le pire, c'est-à-dire sa démission ? David Cameron a-t-il encore la légitimité politique pour continuer à faire campagne en faveur de l'Europe à qui il avait en son temps demandé, au nom de la liberté capitalistique, de ne pas étendre son contrôle financier aux sociétés offshore. On comprend mieux aujourd'hui ses intentions réelles....

La séance du Parlement britannique de ce début de semaine risque d'être mouvementée et un sondage réalisé en Grande-Bretagne montre que la transparence devient aujourd'hui une exigence à supposer que M.Cameron ne l'aurait pas compris. Une éditorialiste d'un journal libéral s'exprimant vendredi soir sur la chaîne de télévision Skynews faisait valoir qu'il était très choquant de constater qu'une Premier ministre et son père avaient ainsi échappé au financement du service public britannique pendant des années, alors qu'aujourd'hui celui-ci est victime de coupes budgétaires très importantes qui mettent les professionnels, notamment de santé, dans la rue.

On s'étonne ensuite de voir monter en puissance des partis contestataires et des "outsiders" tels que Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne ou Bernie Sanders aux États-Unis: les laissés pour compte ne font plus confiance dans l'élite pour redresser leur pays où les intérêts personnels de certains semblent l'avoir emporté sur l'intérêt général des peuples qu'ils sont censés gouverner en toute honnêteté.

La crise des migrants: le risque d'implosion de l'accord UE-Turquie

Quant à l'accord entre la Turquie et l'Union européenne, négocié par Angela Merkel et le Premier ministre turc dans le dos de la France, alors que le conseil des ministres franco-allemand de Metz de cette semaine n'a été que vains sourires et amabilités de façade devant les journalistes, celui-ci semble fonctionner parfaitement.

Le taux des immigrés s'est considérablement tari et la route des Balkans semble aujourd'hui redevenue une route touristique sans histoire...Toutefois, on ne sait toujours pas sur quels critères les familles sont renvoyées en Turquie ou redirigées vers l'Union européenne. On ne connaît pas les conditions d'accueil des immigrés et réfugiés dans les camps turcs.

Enfin et surtout, cet accord pourrait exploser en plein vol si, au mois de juin, l'Union européenne ne libéralise pas complètement les visas pour les citoyens turcs. Or il est clair que les conditions ne sont pas réunies pour qu'il soit fait droit unilatéralement aux demandes du gouvernement turc.

M.Erdogan a clairement fait savoir que, dans ce cas-là, l'accord UE-Turquie deviendrait caduc. Le pire est donc à venir. Les dirigeants feignent de ne pas comprendre qui est vraiment M.Erdogan embarqué dans une aventure autoritaire personnelle, celui dont l'épouse a déclaré sans plaisanter que le harem était "une école de la vie pour les femmes", loin des clichés occidentaux sur la question, qui met hors de nuire les médias qui le gênent et les magistrats qui n'adhèrent pas à sa vision de la société. Avec Erdogan, aucun progrès ne pourra être fait vers une adhésion à l'Union européenne. il faudrait avoir le courage de le dire.

Il est aujourd'hui nécessaire de se préparer au pire des scénarii: sortie de la Grande-Bretagne de l'Europe, fin de l'accord EU-Turquie, implosion de l'UE.

Dans le meilleur des cas et le scénario est plausible, la Grande-Bretagne décidera finalement d'y rester, mais elle n'aura de cesse d'empoisonner la vie institutionnelle de l'Europe.

C'est pourquoi il devient urgent d'envisager la suite, la création d'un cercle dur qui déciderait de passer à une étape supérieure de l'intégration, en recommençant par les pays qui le voudront bien. Ou l'Europe mourra de ses crises successives à moyen terme.

 

Par Patrick Martin-Genier, pour le Huffinsgton Post blogs

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