Article DNA Alexis LEHMANN 2 septembre 2018
Point de vue. 2019 : Des élections européennes sans citoyens européens !
« Construire les Etats-Unis d’Europe… ! Ce rêve des pères de l’Europe s’éloigne dans les brumes de l’histoire. L’absence d’une volonté politique commune, soutenue, a rendu l’utile ambition totalement illusoire.
Les débuts, on s’en souvient, étaient enthousiastes. Quand tout allait bien pour tous lors des « Trente glorieuses », on a créé un drapeau et un hymne. Les deux sont toujours chers à mon cœur et, comme je le crois, à celui de la majorité des peuples d’Europe.
Il n’y a aucune solution individuelle nationale
La réalité, 70 ans après, est qu’il n’y a toujours pas d’union politique, toujours pas de citoyen européen, appellation usurpée car il n’y a toujours pas « d’Etat européen ». L’Union européenne reste un ensemble de 27 pays souverains et le Brexit, avant d’autres, vient de le rappeler.
Les nationalistes et populistes présents dans pratiquement tous les Etats membres en profitent pour donner de la voix. Plus virulents que jamais, encouragés, on croit rêver, par un Américain, Steeve Bannon, ils propagent leur fausse et ridicule solution de retour aux nations sur la base de cette grosse faille constitutionnelle.
Pourtant il faut redire aux 500 millions d’habitants de l’UE que pour faire face aux grands enjeux du futur, qu’ils soient stratégiques, économiques, démographiques, écologiques, ou monétaires, il n’existe aucune solution individuelle nationale valable.
Le monde a changé. La seule stratégie de développement possible pour nos vieux pays désemparés dans un environnement concurrentiel dominé par de puissants Etats Continents est d’accélérer et de finaliser le processus d’intégration politique et économique.
Dans cet esprit, il serait souhaitable que les pays membres de l’UE inscrivent dans leur Constitution respective, pour les questions traitant de la défense, l’écologie, l’immigration, la monnaie pour les membres de l’Euroland, qu’ils acceptent de partager ou de soumettre leur souveraineté nationale à une position européenne majoritaire. Ce serait déjà là un gigantesque pas en avant vers une souveraineté commune.
Appel pour une personnalité juridique
Les prochaines élections européennes de mai 2019 apporteront de nouvelles indications quant à l’image que les Européens se font aujourd’hui de l’Union. Elles montreront aussi, pays par pays, le niveau d’adhésion des citoyens et de leurs partis respectifs, au projet européen.
Strasbourg, à cette occasion, en tant que ville-siège du Parlement Européen représentant les peuples d’Europe, devrait lancer un vibrant appel pour l’instauration d’une personnalité juridique de l’UE. Emmanuel Macron a évoqué lors de sa récente visite à Strasbourg la nécessité d’une « nouvelle souveraineté européenne ». Joli concept qui n’a à ce jour, du moins publiquement, pas été développé.
Les structures, on le sait, ont l’éternité devant elles… Mais il faut avouer qu’il est inadmissible, voire inquiétant, qu’après tant d’années de paix et de travaux parlementaires, l’UE, plus puissante entité économique et commerciale du monde, n’ait toujours pas d’existence politique et continue d’affronter, plus fragile que jamais et en ordre dispersé, les grands enjeux de notre avenir à tous.
Nous n’avons plus 70 autres années devant nous. L’ancien ministre allemand Joschka Fischer avertit solennellement dans son livre Le déclin de l’Occident que le compte à rebours a déjà commencé ».
Source DNA: https://c.dna.fr/politique/2018/09/02/2019-des-elections-europeennes-sans-citoyens-europeens