L’Union européenne cherche à endiguer l’onde de choc du Brexit

Une semaine pour sauver l’Union européenne (UE), menacée par une lente décomposition après le choc du vote britannique en faveur du Brexit, lors du référendum du 23 juin.

En la relançant, en lui redonnant un avenir, un but, avec des projets concrets.

C’est l’enjeu des deux rendez-vous des prochains jours : le « discours de l’Union », que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, prononcera mercredi 14 septembre au Parlement européen, à Strasbourg ; et le sommet informel des vingt-sept dirigeants européens (sans les Britanniques), le vendredi suivant, à Bratislava, la capitale de la Slovaquie.

Tout au long de l’été, Angela Merkel, la chancelière allemande, François Hollande, Donald Tusk, le président du Conseil européen, et M. Juncker ont préparé ces échéances cruciales, faisant la tournée des capitales. Leur priorité : rassembler les Vingt-Sept, faire bloc après que le vote en faveur du Brexit – même si ce dernier est encore loin d’être concrétisé – a fragilisé comme jamais le projet européen, en mettant un terme à son expansion, voire en minant la croyance en sa permanence.

Relancer des idées ressassées depuis 1999

Un seul sujet susceptible de faire l’unanimité s’est rapidement imposé : celui de la défense et de la sécurité. M. Juncker devrait faire des annonces en ce sens, mercredi. Au programme : des idées ressassées depuis le lancement officiel de la politique de défense européenne en 1999, mais, jusqu’à présent, jamais concrétisées, en raison de l’opposition farouche des Britanniques, qui refusent que l’UE concurrence l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).

L’idée de la création, à Bruxelles, d’un centre de commandement et de coordination des opérations de défense de l’Union devrait être relancée, tout comme les projets de mutualisation des efforts industriels en matière de défense.

Pas question, en revanche, faute de réelle volonté de la plupart des Etats et des moyens de financer un tel projet, d’évoquer à nouveau l’« armée européenne ». La France et l’Allemagne divergent toujours quant à l’usage de la force militaire.

Quant aux quatre pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, Slovaquie, République tchèque), s’ils viennent, à leur tour, de prôner la création d’une armée commune – alors qu’ils ont été incapables, jusqu’ici, de constituer l’un de ces « battle groups » européens, créés en 2003… et jamais déployés –, c’est uniquement pour insister sur la défense de leur territoire face à la Russie.

La sécurité au menu du sommet de Bratislava

A Bratislava, les chefs d’Etat devraient tenter d’aller au-delà des réalités (des budgets trop étriqués, des capacités globalement affaiblies, des crédits de recherche insuffisants) pour souligner l’importance d’une coopération concrète dans le domaine. Celle-ci existe (l’Agence européenne de défense a engrangé quelques résultats), mais reste embryonnaire.

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Le sommet des Vingt-Sept évoquera plus généralement la sécurité : intérieure (la lutte contre le terrorisme), et extérieure (la migration), pour souligner la nécessité d’une Europe « forte », qui « protège ». C’est devenu la première préoccupation des citoyens européens, estime-t-on à Bruxelles, enquêtes d’opinion à l’appui.

Il devrait être question de la mise en place du contrôle systématique aux frontières extérieures des citoyens de l’Union rentrant en Europe, une mesure décidée par les Etats membres à la fin de 2015 mais toujours pas validée par le Parlement de Strasbourg. Sera également proposé le renforcement de la coordination entre les différentes agences européennes de renseignement, avec « le passage du mode artisanal au mode semi-industriel », comme le dit un expert.

Concernant la migration, pas question, en revanche, du côté de la Commission, de mettre sur la table des propositions de nature à « provoquer » les pays de l’Est, comme ce fut le cas lors du discours de M. Juncker de septembre 2015, où il avait proposé un principe de relocalisation permanente des réfugiés dans l’Union, et tancé les Etats membres pour leur manque de solidarité.

Un parti pris courageux, qui lui vaut maintenant le ressentiment du groupe de Visegrad. Un diplomate souligne :

« Le message qu’il faut faire passer à Bratislava, c’est que l’Europe ne veut plus du tout se retrouver dans la situation de chaos et de dissensions de 2015. »

Prolongement du « plan Juncker »

L’économie sera également au menu de la semaine, mais devrait rester au second plan. Pas question, par exemple, de jeter par-dessus bord le pacte de stabilité et de croissance (et ses fameux 3 % de plafond pour les déficits publics). « C’est un traité, et personne en Europe ne veut ouvrir le chantier d’un changement de traités », soulignent plusieurs sources, y compris dans le camp social-démocrate.

Tout au plus M. Juncker soulignera t-il que les « flexibilités » d’ores et déjà prévues (non prise en compte des dépenses d’investissement, liées à la migration, etc.) pour desserrer l’étau des 3 % pourraient encore être élargies.

Plus concrètement, le Luxembourgeois devrait annoncer un prolongement de son « plan Juncker » (315 milliards, annoncé à la fin de 2014), avec un objectif porté à 500 milliards d’euros d’investissements dans l’Union. Il dévoilera aussi une réforme très attendue du droit d’auteur et de nouvelles dispositions pour encourager au déploiement de réseaux Internet à très haut débit.

Regagner le cœur des Européens

La Commission a un agenda particulier. Très affaiblie par le vote sur le Brexit, cible des attaques du groupe de Visegrad, qui réclame « moins d’Europe » (surtout Viktor Orban, le premier ministre hongrois, et le gouvernement conservateur polonais), elle veut regagner le cœur des Européens. Crédibilisée par la décision historique d’exiger 13 milliards de remboursements à Apple à la fin d’août (pour avoir perçu des aides d’Etat illicites de l’Irlande, par le biais d’une fiscalité très avantageuse), sa priorité est désormais aux sujets « concrets », « qui apportent un bénéfice tangible aux citoyens », précise-t-on à Bruxelles.

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D’où la volte-face surprenant des derniers jours, avec l’abandon d’une décision sur les frais d’itinérance téléphonique jugée pas assez généreuse par les eurodéputés. Ou cette lettre de M. Juncker à la médiatrice des droits des Européens, datée du 9 septembre, destinée à tenter d’éteindre l’incendie « Barroso », où il promet qu’il va exiger de son prédécesseur à la Commission de lui transmettre son contrat de travail avec Goldman Sachs.

L’enjeu spécifique de Bratislava, c’est toutefois d’abord de pouvoir réaliser de belles photos de famille. « Ce n’est pas plus mal de se retrouver loin de Bruxelles et du Justus-Lipsius [le bâtiment du Conseil], avec tous les mauvais souvenirs de dissensions qu’il véhicule », avoue un diplomate de haut rang. Les Slovaques, chargés de la présidence tournante de l’Union ce semestre, réfléchissent même à une mise en scène : les Vingt-Sept sur un bateau voguant sur le Danube…

Les dirigeants auront-ils la capacité de rebondir sans les Britanniques ? A quelques jours de ces rendez-vous déterminants, l’Europe a de nouveau fait la preuve de ses divisions, avec la réunion des « pays du Sud » organisée vendredi 9 septembre à Athènes, à l’invitation d’Alexis Tsipras, « pour faire entendre une autre voix que celle de Visegrad », explique-t-on dans l’entourage du président Hollande.

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